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Petite Pimprenelle, la mignonitude
Date 05/07/2020
Ico Prairies

Poterium sanguisorba, Petite Pimprenelle, Poitiers quartier Chilvert

Petite Primprenelle: la mignonitude au jardin.


Poterium sanguisorba (Pimprenelle à fruits réticulés ou Petite Pimprenelle) appartient à la famille Rosaceae, où elle évolue entre les Roses et les Ronces, mais aussi les célèbres Cerisiers, Pommiers, Poiriers et autres géants; une famille assurément généreuse pour l'homme. Comme bon nombre de ses sœurs de sève (ce n'est pas une règle absolue), la Petite Pimprenelle présente des feuilles alternes, composées et nettement stipulées.


Poterium sanguisorba, Petite Pimprenelle, Biard (86)

Feuilles de la Petite Pimprenelle, composées imparipennées en 9 à 25 folioles dentées.


Les fleurs des Rosacées choisissent souvent d'arborer cinq pétales et cinq sépales, mais la Petite Pimprenelle joue la carte de l'originalité: ses fleurs regroupées en tête sont dénuées de pétales. Strictement mâles, strictement femelles ou hermaphrodites, elles n'en sont pas moins belles! Les fleurs femelles dominent au sommet (elles ressemblent a de minuscules anémones de mer rouges), les fleurs mâles pendouillent en bas, quelques fleurs hermaphrodites (aux étamines jaunes et courtes) assurent parfois la frontière entre dames et messieurs. Le tout formant un brushing rastafari plus flashy que le chignon de Lady Gaga un soir de bal.


Poterium sanguisorba, Petite Pimprenelle, Poitiers quartier Chilvert

Inflorescence de la Petite Pimprenelle : depuis leur calice à quatre sépales verts bordés de blanc, se dressent des stigmates rouges en haut (fleurs femelles). De longues étamines pendent en bas (fleurs mâles).


Alors que la plupart des Rosacées dépendent des insectes pour assurer leur pollinisation, la Petite Pimprenelle compte surtout sur le vent qui caresse ses cheveux (tous les insectes ne la boudent pas pour autant). Vous l'aurez compris : en séparant ainsi ses fleurs mâles et ses fleurs femelles, la Sauvage favorise la pollinisation croisée. D'autant plus que fleurs mâles et femelles n'arrivent pas forcément à maturité en même temps sur un même pied.


Poterium sanguisorba, Petite Pimprenelle, Poitiers quartier Chilvert

Love story de la Petite Pimprenelle: Monsieur au dessus, Madame en dessous, ne manque plus que le souffle du vent pour que ça matche!


La Petite Pimprenelle est une vivace commune qui pousse dans les prairies sèches, au bord des chemins ou dans les rocailles. Elle adapte sa prestance à la richesse de son milieu, se dressant entre 20 et 60 centimètres de hauteur entre mai et septembre. A titre de comparaison, sa grande sœur, la Grande Primprenelle (Sanguisorba officinalis), peut dépasser le mètre et se rencontre dans les milieux humides, avec une répartition très confidentielle en plaine. La Grande Pimprenelle est une espèce rare et déterminante pour tout le Poitou (elle est parfois introduite volontairement dans les jardins d'ornement).


En latin, Sanguisorba pourrait se traduire par «absorber le sang». Ce sont les parties souterraines de la Grande Pimprenelle qui sont inscrites à la liste la liste A de la Pharmacopée française. On leur reconnait des propriétés hémostatique, dues aux tanins concentrés dans les racines.


La Petite Pimprenelle ravira toutefois les amateurs de salade ou de pesto sauvages: ses feuilles fraiches, comestibles, présentent un léger goût de concombre. On peut éventuellement les laisser infuser à froid toute une nuit (une infusion normale, ou un séchage, risquerait d’anéantir sa saveur délicate) pour obtenir une boisson rafraîchissante et astringente, ses feuilles étant assez tanniques.


Poterium sanguisorba, Petite Pimprenelle, Poitiers quartier Chilvert

Petite Pimprenelle: l'envol d'une fée au jardin!

Tante Flora, Tante Pâquerette Tante Pimprenelle!

(La Belle au bois dormant, Walt Disney)

Surtout, son seul (pré)nom invoque à table ou au jardin une touche indéniable de poésie. Les plus anciens se souviendront de Nounours et de Pimprenelle, la poupée aux cheveux de laine, héroïne de la série Bonne nuit les petits. D'autre penseront à l'une des trois fées (celle qui porte une robe bleue) dans la Belle au bois dormant. Le calendrier républicain lui rend hommage vers le début du mois de mai, le 17ème jour du mois de Floréal. A l'heure où des prénoms comme Rose, Cerise ou Prune (d'autres Rosacées) ont le vent en poupe, Pimprenelle reste un prénom trop rare, fêté le jour de Sainte Fleur, le 5 octobre (ça ne s'invente pas). Alors si ce prénom est le votre, permettez moi de vous féliciter - considérez-vous comme une espèce protégée - et de vous dédicacer ce modeste article!



Poterium sanguisorba, Petite Pimprenelle, Poitiers quartier Chilvert

Orfèvrerie des fruits de la Petite Pimprenelle (akènes tétragones).



Le petit monde de Poterium sanguisorba


Dans les pelouses calcicoles poitevines, il est possible de croiser un petit papillon dont le vol typique, très rapide et bas, nous indique son appartenance à la famille des Hesperiidae (en français : les Hespéries): il s’agit de l’Hespérie des sanguisorbes (Spialia sertorius). Ses faibles dimensions et ses mœurs en rase-mottes en font un hôte discret, qui plus est localisé sur les pelouses maigres où vit sa plante-hôte favorite, la Petite Pimprenelle.

Il existe plusieurs types d’Hespéries et celle-ci fait partie d’un groupe où les individus ont le dessus des ailes gris/marron tachetées de blanc. Elles ne sont pas faciles à identifier. En Poitou, les plus communes de ce groupe sont l’Hespérie des sanguisorbes, l’Hespérie de la mauve (Pyrgus malvae) et l’Hespérie des potentilles (Pyrgus armoricanus). Toutefois, par rapport à ses cousines, l’Hespérie des sanguisorbes peut être reconnaissable avec un peu d’entraînement. D’abord, le dessus de ses ailes est rougeâtre avec des reflets bronze (plus mat et gris chez les deux autres). Ensuite, alors que l’Hespérie de la mauve et l’Hespérie des potentilles ont la quatrième tache blanche apicale des ailes antérieures décalée vers le bord de l’aile par rapport aux trois autres, l’Hespérie des sanguisorbes a les quatre alignées.

 Pyrgus malvae, Hespérie de la mauve (crédit photo Olivier Pouvreau)
Chez le genre Pyrgus (telle cette Hespérie de la mauve, Pyrgus malvae), la 4e tache de l'apex des ailes antérieures est décalée par rapport aux 3 autres.

Spialia sertorius, Hespérie des sanguisorbes (crédit photo Olivier Pouvreau)
Chez l'Hespérie des sanguisorbes, il est aligné, ce qui n'en fait pas un Pyrgus mais un Spialia!


Pour aller plus loin:

- Poterium sanguisorba: identification assistée par ordinateur

 

Insectes pollinisateurs (4): la Sauvage et l'abeille, première partie
Date 06/05/2020
Ico Bestioles

Halictus scabiosae, Halicte des scabieuses (crédit photo Olivier Pouvreau)

Halicte des scabieuses (Halictus scabiosae) butinant une Scabieuse? Non, un Dahlia!


Dans nos précédents articles consacrés aux insectes pollinisateurs, nous avons pu constater un progrès dans l’outillage des insectes pour le butinage des fleurs: nous sommes passés des coléoptères (lourdauds et parfois quelque peu barbares avec les fleurs) aux diptères, puis aux lépidoptères (plus délicats et sophistiqués envers les Sauvages). Au final, nous nous sommes peut-être posé une question: tout ce butinage permet-il une pollinisation efficace? En d’autres termes, scarabées, mouches et papillons sont-ils les insectes les mieux équipés pour polliniser les plantes? La réponse est négative: les champions, en la matière, ce sont les hyménoptères!


Cela dit, il faut nuancer notre propos. En effet, certains hyménoptères comme les guêpes, les tenthrèdes ou les fourmis, s’ils se comportent comme des insectes floricoles, s’apparentent plus à des pollinisateurs relativement «moyens». Non, la véritable pollinisation, la pollinisation scientifique, nous vient d’un insecte prolétaire, d’une petite tâcheronne obsédée par les fleurs: l’abeille.


Super Bee sur Sauvages du Poitou!

D’où lui vient cette passion florale? C’est que par rapport aux autres pollinisateurs attirés par le nectar, voire seulement par le pollen (chez les Cétoines par exemple), l’abeille dépend encore davantage des fleurs. En effet, si les abeilles mâles et femelles doivent consommer du nectar et du pollen pour se nourrir, les femelles doivent en plus récolter du pollen (source de lipides et de protéines), qu’elles mélangent à du nectar (source de sucres) pour confectionner des «pains de pollen». Pour quoi faire? Pour régaler leur couvain. Autrement dit, si les larves des coléoptères, diptères et lépidoptères ne dépendent pas des adultes pour survivre, c’est l’inverse chez l’abeille. Autant dire que chez elle, le butinage n’est pas qu’une bronzette sur fleur, paille au bec. Non, dans son cas, la fleur relève d’un enjeu de conservation intégral, de l’œuf à l’adulte. Il lui faut donc être beaucoup plus énergique et efficace dans ses visites florales que la moyenne des autres pollinisateurs.


Osmia cornuta, Osmie cornue (crédit photo Olivier Pouvreau)

Œuf d'Osmie cornue (Osmia cornuta) pondu sur pain de pollen... Et dans la coque plastique d’un taille-haie!


On peut ainsi considérer l’abeille comme une sorte de Charlot des «Temps modernes», version butinage à la chaîne. Et puisqu’il est question de rendement, voulez-vous des chiffres pour illustrer notre propos? Ils sont plutôt parlants:


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On estime que 75 à 80% de la flore sauvage européenne et près de 70% des espèces de plantes cultivées dans le monde (pommes, melons, courges, café, tournesols, etc.) dépendent en grande partie de la pollinisation par les abeilles. D’un point de vue quantitatif, cela ne représente qu'un tiers des aliments que nous consommons au quotidien car notre alimentation repose sur les céréales, lesquelles sont pollinisées par le vent. En revanche, ce tiers est composé de nombreux fruits et légumes qui contribuent à la diversification de notre alimentation, donc à notre santé.


Un dernier chiffre est éloquent: en 2005, la valeur économique annuelle mondiale des produits de la pollinisation par les abeilles s’élevait à environ 150 milliards d’euros. Fort de ce constat, la petite équipe de Sauvages du Poitou avoue avoir un faible pour cet insecte qui force le respect.

«Quand on parle pognon, à partir d’un certain chiffre, tout le monde écoute.»

(Le Pacha, Georges Lautner)

Mais avant de détailler les particularités de la pollinisation par ces «mouches à quatre ailes» (comme les appelait le naturaliste Réaumur au XVIIIème siècle), mesurons d’abord ce qui se cache derrière le nom «abeille». Force est de constater qu’il est excessivement réducteur: il renvoie essentiellement à l’Abeille mellifère, notre fameuse Abeille domestique, Apis mellifera. La vérité, c’est qu’il cache aussi une variété étonnante d’abeilles sauvages. En France, on en dénombre environ 970 espèces, et ce peuple est si discret et méconnu qu’on y découvre de nouvelles chaque année. Essayons ensemble d’y voir plus clair en brossant rapidement cette belle variété. En France, six familles sont présentes :


- Les Apidés: 19 genres, vaste famille, très variée, comprenant notamment notre célèbre Abeille domestique mais aussi les Bourdons (environ 50 espèces en France), les Xylocopes et autres genres moins connus.


Xylocopa violacea, Xylocope violet, Poitiers quartier Chilvert

Xylocope violet (Xylocopa violacea): un gros spécimen (jusqu'à 5cm d'envergure) chez les abeilles!


Obeelix sur Sauvages du Poitou!


- Les Megachilidés: les Mégachiles, les Osmies etc. Plus de 200 espèces en France. Cette famille forme là aussi un ensemble très vaste, avec des abeilles d’allure généralement compacte. Pour vous en donner une idée, peut-être connaissez-vous la très commune Osmie cornue (Osmia cornuta), une abeille qui apparaît fin mars dans nos contrées, qui niche souvent dans les trous de fenêtres et qui fréquente couramment les hôtels à insectes?


Osmia cornuta, Osmie cornue, Poitiers quartier Chilvert

Osmie cornue, la squatteuse des trous de fenêtre.


- Les Colletidés: les Collètes et les Hylaeus. Plus de 70 espèces en France. Les Collètes ont un air de ressemblance avec l’Abeille domestique tandis que les Hylaeus sont des petites abeilles dont les mâles présentent un masque facial jaune.


Colletes hederae, Collète du lierre, Poitiers bords de Clain

Collète du lierre (Colletes hederae), inséparable du Lierre grimpant en Automne.


- Les Andrenidés: les Andrènes, les Panurgus etc. Environ 160 espèces en France. Les Andrènes mesurent de 5 à 12 millimètres selon les espèces et certaines sont communes dans les parcs et jardins. De leur côté, les Panurgus sont des abeilles minuscules qui se plaisent à butiner en «nageant» sur le flanc dans les fleurs, notamment les pissenlits (elles sont très faciles à repérer).


Andrena flavipes, Andrène à pattes jaunes (crédit photo Olivier Pouvreau)

l'Andrène à pattes jaunes (Andrena flavipes), une espèce commune, ici sur Trèfle champêtre (Trifolium campestre).


- Les Halictidés: les Halictes, les Lasioglosses etc. Environ 160 espèces en France. Espèces de quelques millimètres seulement pour nombre d’entre elles et dont certaines sont communes dans les parcs et jardins, notamment l’Halicte des scabieuses (Halictus scabiosae), de la taille de l’Abeille mellifère.


Halictus scabiosae, Halicte des scabieuses, Biard (86)
Quatre femelles d'Halictes des scabieuses, une abeille groupie des Astéracées rose/violette.

- Enfin, les Melittidés: les Dasypoda, Macropis et Melitta,  15 espèces en France. Considérons ces espèces comme peu communes.

Dasypoda (crédit photo Olivier Pouvreau)
Ce pantalon XXL garni de pollen caractérise le genre Dasypoda.

Cela dit, si une grande diversité règne dans le monde des abeilles, celles-ci partagent entre-elles de nombreux points communs. D’abord, tout ce petit monde adore siroter le nectar niché au creux des fleurs. Par quels moyens? Grâce à une langue (ou glosse), long tube flexible et pointu permettant à l’insecte d'aspirer le divin breuvage.
«J'pris un homard sauce tomates, il avait du poil au pattes. Félicie… aussi.»
(Félicie, Fernandel)
On le voit, la manière qu’ont les abeilles d’accéder au nectar ne parait pas très difficile et, au fond, s’apparente à celle des mouches ou des papillons. Là où l’histoire se complique, c’est que l’abeille femelle doit aussi rassembler beaucoup de pollen pour sa descendance sans en perdre un grain entre deux inspections de fleurs. Heureusement, madame est remarquablement équipée de poils (appelées «brosses de récolte» ou «scopae») qui lui permettent d’emmagasiner le pollen. Selon les familles d’abeilles, ces brosses de récolte se situent soit sur les pattes postérieures (chez les Andrènes par exemple), soit sur la partie ventrale de l’abdomen (chez les Mégachiles).

Beelbo le Hobbit sur Sauvages du Poitou!

Andrena sp, Andrène (crédit photo Olivier Pouvreau)
Chez les Andrènes, les brosses de récolte se situent sur les pattes postérieures…

Megachile centuncularis (crédit photo Olivier Pouvreau)
… Tandis que chez les Mégachiles (ici Megachile centuncularis), les femelles emmagasinent le pollen sous l’abdomen.

Résumons: les abeilles mâles et femelles possèdent une langue pour sucer le nectar et les femelles ont des poils pour récolter le pollen afin de nourrir leur couvain. Il s’agit donc d’un attirail au service de l’abeille. Car la fleur, elle, qu’a-t-elle à gagner là-dedans? Non seulement on lui enlève du nectar mais en plus, le pollen accroché aux brosses de récolte de l’abeille ne parviendra pas (ou peu) aux pistils. Heureusement, la fleur compte sur une autre spécificité de l’abeille (mâle comme femelle) pour assurer sa pollinisation. Cette caractéristique réside dans l’existence d’une pilosité couvrant l’ensemble du corps de l’abeille, notamment le thorax et l’abdomen.

Chewbeeca sur Sauvages du Poitou!

Qui plus est, cette pilosité s’avère plus dense que la moyenne des autres insectes floricoles. Et ce n’est pas tout, ces poils forment des soies plumeuses (ou «poils branchus») agissant comme de véritables scratchs à pollen, supérieurs aux soies simples des autres pollinisateurs. En somme, notons que tout a été prévu pour que le pollen vienne en masse adhérer aléatoirement au corps de l’abeille qui peut dès lors jouer les entremetteuses entre fleurs.

Andrena sp, Andrène (crédit photo Olivier Pouvreau)
Les soies plumeuses distribuées sur l’ensemble du corps de cette Andrène lui ont permis d’accrocher involontairement les grains de pollen d'un Pissenlit.

Cela dit, il faut enlever un poil à cette règle de la pilosité absolue. Car dans ce petit monde vrombissant, il ne faut pas oublier un type d’abeille un peu spécial, celle que l’on désigne sous le nom d’«abeille coucou» (ou abeille cleptoparasite). Des abeilles qui se comportent comme le coucou? Eh oui, chers mélittophiles (=amis des abeilles)! Ces excentriques ont en effet la particularité de ne pas récolter de pollen pour leur couvain mais de pondre sur le pain de pollen des abeilles «récolteuses». Une abeille tire-au-flanc, en quelque sorte. Vous l’aurez compris, si ces dames aiment à licher le nectar, elles n’ont donc pas besoin de brosses de récolte. Cette exception à la règle leur donne une allure plus glabre, avec une tignasse plus clairsemée…

Nomada sp (crédit photo Olivier Pouvreau)
Exemple d'abeille coucou: les Nomadas (environ 90 espèces en France) qui ressemblent à des guêpes. Notez que malgré une pilosité bien moindre que chez les abeilles «récolteuses», celles-ci agrègent malgré tout du pollen, ce qui en fait des pollinisatrices incontestables.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui! Car ce n’est pas fini: dans un prochain article, nous verrons comment les abeilles repèrent et choisissent les fleurs qu’elles visitent... Ce qui n’est pas si simple qu’il n’y paraît.

(Article par Olivier Pouvreau)

Les autres articles de Sauvages du Poitou consacrés aux insectes pollinisateurs:
- Insectes pollinisateurs (1): la Sauvage et le coléoptère
- Insectes pollinisateurs (2): la Sauvage et le diptère
- Insectes pollinisateurs (3): la Sauvage et le papillon
- Insectes pollinisateurs (5): la Sauvage et l'abeille, seconde partie

Beetman sur Sauvages du Poitou!

Pour aller plus loin:
- L’Observatoire des abeilles, association française ayant pour objet l’étude, l’information et la protection des abeilles sauvages françaises (et des régions voisines) et de leur habitat. Elle édite la revue «Osmia» depuis 2007.
FlorAbeilles, à la découverte des fleurs butinées par les abeilles.
- «Pollinisation et pollinisateurs», conférence de Benoît Geslin sur les abeilles sauvages, leur écologie et les menaces qui pèsent sur elles, IMBE TV, 2018.
Forum le Monde des insectes section Apocrites: forum d’identification des hyménoptères apocrites (dont les abeilles) sur la base de photographies.

Deux livres «coups de cœur» recommandés par Sauvages du Poitou:
Découvrir et protéger nos abeilles sauvages de Nicolas Vereecken, chez Glénat (2017).
Pollinisation, le génie de la nature de Vincent Albouy, chez Quae (2018).
 

Familles de la flore française (Game of thrones et botanique, épisode 4)
Date 15/12/2019
Ico Initiation à la botanique joyeuse!

Botany is coming, deuxième saison! Sauvages du Poitou


Cet article fait suite à notre trilogie fantasy à succès consacrée aux grandes familles en botanique. Lors des épisodes précédents, nous avions survolés les familles les plus importantes de la flore française en terme de nombre d’espèces: Astéracées, Poacées, Fabacées, Rosacées, Brassicacées, Caryophyllacées, Apiacées et Lamiacées regroupent à elles seules près de la moitié des espèces végétales françaises (indigènes et naturalisées). Avaient aussi été évoquées les prestigieuses lignées Renonculacées, Orchidacées et la «vieille» famille des Liliacées. Enfin, la troisième session nous avait présenté des maisons plus modestes, mais pas moins admirables, telles que les Boraginacées, Rubiacées, Campanulacées, Amaranthacées, Euphorbiacées et Crassulacées. Dans cette nouvelle saison, place a des clans moins fournis, mais hauts en couleurs et surtout riches en personnalités!



House Polygonaceae, Sauvages du Poitou!
Un adolescent s’était agenouillé, et c’était un chevalier qui se relevait.
(Le Trône de Fer, George R.R. Martin)
Les Polygonacées comptent une cinquantaine d’espèces sur le sol français. Elles tirent leur nom des termes grecs polys, «plusieurs» et gonu, «genoux»: leur tige solide est parcourue par de nombreux nœuds comme autant d’articulations. Autre spécificité: une gaine membraneuse (l’ochréa) enveloppe leur tige au point d’insertion des pétioles.

Persicaria maculosa, Renouée Persicaire, Poitiers
Ochréa de la Renouée Persicaire (Persicaria maculosa)

Les feuilles des Polygonacées sont alternes, simples et généralement entières. L’observation de leurs fruits trigones (ovaire supère) est souvent un critère d’identification important. C’est (entre autres) le clan des petites ou des grandes Renouées, des Sarrasins, des Rhubarbes ou des Oseilles (Rumex spp, environ 25 espèces en France).

Rumex acetosa, Oseille des prés, Poitiers quartier gare
Fruits trigones de l'Oseille des prés (Rumex acetosa)



House Geraniaceae, Sauvages du Poitou!

Willos a les meilleurs oiseaux des Sept Couronnes... Il fait parfois voler un aigle, vous verrez. (Le Trône de Fer, George R.R. Martin)

On retrouve à la tête des Géraniacées (une quarantaine d’espèces en France) plusieurs géraniums sauvages et citadins. Leurs fleurs comptent cinq pétales, cinq sépales et dix étamines. Leurs feuilles sont stipulées, souvent velues et très découpées. Géranium dérive du grec geranos, la grue, les fruits des Géraniacées (des pentakènes) présentant généralement des pointes qui évoquent le bec d’un oiseau (ovaire supère). A maturité, leurs styles s’enroulent brusquement sous l’effet de la chaleur, catapultant les semences alentour.


Geranium robertianum, Geranium molle et Geranium dissectum

Herbe-à-Robert (Geranium robertianum), Géranium à mou (Geranium molle) et Géranium découpé (Geranium dissectum, fruits)


C’est aussi le clan des Érodiums qui empruntent leur nom au grec erodios, le héron. Les célèbres fleurs ornementales de nos balcons, injustement nommées «géraniums», sont en réalité des Pélargoniums, également membres de cette famille mais originaires d’Afrique du sud, aux fleurs irrégulières. Ils tirent leur nom du grec pelargos, la cigogne… De la botanique à l’ornithologie, il n’y a qu’un tout petit pas!


Erodium cicutarium, Bec de grue, Brenne (36)

Bec de grue (Erodium cicutarium), Brenne (36)



House Papaveraceae, Sauvages du Poitou!

L’exposition des drogues du mestre avait un aspect impressionnant : des dizaines de pots cachetés, des centaines de fioles bouchées, autant de bouteilles d’opaline, d’innombrables jarres de simples. (Le Trône de Fer, George R.R. Martin)

Les Papaveracées composent une petite famille d’une quarantaine d’espèces en France. Leurs membres possèdent des feuilles alternes et découpées, une paire des sépales caducs qui se détachent et tombent lors de la floraison, des fleurs spectaculaires et éphémères à quatre pétales chiffonnées dans leur bouton, flanquées d’une bardée d’étamines.


Paire de sépales caducs du Coquelicot (Papaver rhoeas)


C’est le clan des Pavots, des Coquelicots ou de la Grande Chélidoine. Les Papavéracées produisent du latex et contiennent presque toutes des alcaloïdes aux propriétés sédatives ou analgésiques. Leurs fruits sont des siliques ou des capsules (ovaire supère). Dans la classification récente, cette famille intègre aussi les Fumariacées (une vingtaine d’espèces en France) comme les Corydales ou les Fumeterres, des sauvages aux fleurs irrégulières et aux feuilles très découpées.


Corydale solide, Corydalis solida, Persac (86)

Corydale solide (Corydalis solida), Persac (86)



House Malvaceae, Sauvages du Poitou!

Comment pareille douceur pourrait-elle être un crime passible de pendaison?

(Le Trône de Fer, George R.R. Martin)

Les Malavacées comptent environ trente représentants en France*. Ceux-ci présentent des qualités mucilagineuses (épaississantes et adoucissantes) et ont souvent été utilisés à des fins alimentaires. Leurs feuilles sont alternes, souvent palmées (nervation), leurs fleurs ont cinq pétales, tordus et enroulés sur eux-mêmes dans les jeunes boutons floraux. Elles présentent un double calice (le calice extérieur se nomme calicule).


Malva sylvestris, Grande Mauve, Poitiers quartier gare

Calicule et bouton floral de la Grande Mauve (Malva sylvestris): la douceur d'un cornet de glace!


Les quelques espèces françaises ont un «air de famille» manifeste; c’est un clan qu’on reconnait assez facilement sur le terrain. On croisera dans leur rang les Mauves, les Lavatères ou les Guimauves pour les plus connues.


Althaea officinalis, Alcea rosea et Malva setigera

Guimauve officinale (Althaea officinalis), Rose trémière (Alcea rosea) et Mauve hérissée (Malva setigera).



House Solanaceae, Sauvages du Poitou!

- Une sorcière des bois? La plupart sont des créatures inoffensives. Elles ont quelques notions rudimentaires d’herboristerie, elles savent un rien d’obstétrique, mais autrement...

- Elle était plus que ça.

(Le Trône de Fer, George R.R. Martin)

Les Solanacées forment une petite famille (une trentaine d’espèces en France) dont les membres présentent des fleurs à cinq pétales soudés, cinq sépales soudés, cinq étamines et des feuilles alternes, non stipulées. Elles concentrent généralement de nombreux alcaloïdes, les rendant toxiques ou leur conférant des effets variés. Nombre de Solanacées étaient des «plantes de sorcières», comme la Mandragore, la Belladone ou le Datura officinal.


Atropa belladonna et Datura stramonium

«Cerise du diable» de la Belladone (Atropa belladonna) et silhouette fantastique du Datura officinale (Datura stramonium): un bonbon mortel ou un sort?


Les Solanacées sont pourtant la deuxième famille de plantes alimentaires pour l’homme, derrière les Poacées (céréales): ce clan est celui de la Pomme de terre, de la Tomate, du Poivron ou encore de l’Aubergine. C’est aussi la famille du Tabac, une plante qui synthétise un alcaloïde dangereux, la nicotine.


Solanum nigrum, Morelle noire, Poitiers bords de Clain

Morelle noire (Solanum nigrum), alias «Tue-chien»!



House Plantaginaceae, Sauvages du Poitou!

Les échoppes, en bas, semblaient proposer toutes les merveilles divines de l’univers.

(Le Trône de Fer, George R.R. Martin)

Dans la classification classique, les Plantaginacées ne comptaient qu’une vingtaine d’espèces en France, des Plantains pour la plupart. Depuis la classification récente, ce clan s’est vu renforcé d’une centaine d’espèces issues de plusieurs familles remaniées ou obsolètes. C’est ainsi que les Véroniques, les Digitales, les Linaires, les Globulaires - pour n’en citer que quelques-unes - sont aujourd’hui très officiellement «sœurs de sève» des Plantains…


Plantago media, Veronica persica, Cymbalaria muralis et Globularia bisnagarica

Plantain moyen (Plantago media), Véronique de Perse (Veronica persica), Cymbalaire des murs (Cymbalaria muralis) et Globulaire commune (Globularia bisnagarica).


Aux yeux du quidam, les «nouvelles» Plantaginacées représentent une famille étrangement cosmopolite, pour ne pas dire un grand bazar. L'exercice serait peut-être plus évident si nous étions des papillons: la Mélitée du plantain abandonne ses chenilles aux Plantains comme à quelques Véroniques, la Mélitée orangée oscille entre Plantains, Linaires, Digitales ou Véroniques. Comme quoi, dans le domaine de la botanique, les insectes possèdent un feeling qui nous fait cruellement défaut! On retiendra que le plus souvent, les feuilles des Plantaginacées sont simples et leurs fleurs irrégulières.


Melitaea didyma sur Plantago lanceolata, Biard (86)

Pas besoin de leçons de botanique pour la chenille de la Mélitée orangée (Melitaea didyma)!

(ici sur Plantain lancéolé, Plantago lanceolata)


Game of thrones et botanique, les autres épisodes:

- Épisode 1: Asterceae, Poaceae, Fabaceae, Rosaceae et Brassicaceae.

- Épisode 2: Apiaceae, Caryophyllaceae, Lamiaceae, Liliaceae, Ranunculaceae et Orchidaceae.

- Épisode 3: Boraginaceae, Rubiaceae, Campanulaceae, Amaranthaceae, Euphorbiaceae et Crassulaceae.


Et pour le plaisir, le fil rouge de notre article...

- Le cycle fantasy Le Trône de fer par George R. R. Martin!

 

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